Le débat sur l'achat d'Astral par Bell pour 3,4 G$ se déplace devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Ses audiences publiques sur cet enjeu se tiendront de lundi à vendredi à Montréal.
L'organisme réglementaire a été bombardé de réactions de toutes parts. Il a reçu 1667 mémoires reflétant les préoccupations qui découlent de la transaction.
Bell lancera le bal, lundi matin, en présentant son projet d'acquisition. Québecor Média et Shaw Communications lui donneront immédiatement la réplique.
Pendant le reste de la semaine, une pléiade d'entreprises et de regroupements plaidera pour ou contre la transaction. L'ADISQ, Option consommateurs ainsi que le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP) prendront la parole mardi.
Plusieurs acteurs majeurs de l'industrie, tels que Rogers, Cogeco et Telus, suivront mercredi. L'Union des consommateurs donnera son point de vue la même journée. Les dernières interventions auront lieu vendredi, avec en dernier lieu la réplique de Bell.
La partie sera corsée et les commissaires du CRTC ont l'habitude de poser des questions pertinentes sur un ton ferme, avertit Troy Crandall, analyste financier spécialisé en télécoms chez MacDougall, MacDougall & MacTier.
«Bell et Astral devront marcher sur la pointe des pieds mais ce sera la même chose pour les opposants Telus, Rogers et Québecor, affirme M. Crandall. Le CRTC sait trop bien qu'ils feront des représentations selon leurs intérêts, mais qu'il doit rendre une décision dans l'intérêt supérieur du pays.»
De plus, ajoute-t-il, «étant donné le niveau de concentration de l'écoute télé qui se situe près des limites imposées par le CRTC, la décision sera plus difficile à prendre.»
À cet égard, Bell affirme qu'elle contrôlera moins de 35% de l'écoute anglophone et 24% du côté français avec l'achat Astral. Le CRTC avance, dans son rapport de surveillance, que les chiffres s'élèvent respectivement à 39,7% et 26,6%.
Questionné sur son sentiment à l'égard de la transaction, Troy Crandall affiche son pessimisme.
«L'un des meilleurs arguments est celui de Telus, soutient l'analyste. Elle dit que si nous sommes aux États-Unis, Bell-Astral est l'équivalent de Verizon avec le contrôle sur DirecTV, CBS, ESPN, MTV, Comedy Central, Discovery, Bloomberg Television, HBO, Stars, Blue Channel Radio, AOL, Lamar Outdoor Advertising et Radio Shack.»
Par la même occasion, M. Crandall souligne que le CRTC vient à peine de publier les trois lignes directrices de ses interventions pour la période 2012-15. La diversité des voix et la concurrence sont deux des trois critères.
«Il est intéressant que ces principes soient sortis cette semaine, explique M. Crandall. Ça embrouille la situation et ça rend le travail plus difficile pour les analystes qui tentent de prédire ce qui se passera !»
Source: Michel Munger - TVA Nouvelles
