UNIFOR 6001 - Le secteur canadien de l’automobile est menacé par l’accord de libre-échange avec la Corée

Le secteur canadien de l’automobile est menacé par l’accord de libre-échange avec la Corée

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2014-03-12

L’annonce faite par le premier ministre Stephen Harper, en Corée du Sud, d’un accord de libre-échange entre le Canada et la Corée du Sud présente une grave menace pour le secteur automobile du Canada, selon Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au Canada.

« Nous ne pouvons pas appuyer un accord qui crée un flux à sens unique d’importations d’automobiles coréennes dans le marché canadien, minant ainsi les emplois et l’industrie dont tant de Canadiens dépendent, alors que rien ou presque n’est fait pour renforcer nos exportations en Corée », a déclaré le président national d’Unifor, Jerry Dias.

Certes, l’élimination des tarifs douaniers canadiens sur les véhicules coréens se fera progressivement sur trois ans tandis que les tarifs douaniers coréens sur les exportations canadiennes seront éliminés immédiatement, mais les négociateurs n’ont pas réussi à obtenir des protections semblables à celles que les États-Unis ont négociées dans leur accord de libre-échange avec la Corée du Sud.

L’accord entre les États-Unis et la Corée du Sud comprend des mesures de protection contre les augmentations subites des importations sur le marché étasunien et une disposition de « rétablissement » innovante qui permet au gouvernement américain de rétablir les tarifs douaniers en vigueur avant l’accord si les barrières non tarifaires de la Corée du Sud limitent les exportations étasuniennes. Même avec ces dispositions, les États-Unis ont vu s’aggraver leur déficit commercial dans le secteur de l’automobile.

Unifor et les principaux intervenants de l’industrie avaient formulé plusieurs suggestions qui auraient rendu l’élargissement des relations commerciales avec la Corée équitable et profitable aux deux parties :

lier les réductions tarifaires à des cibles mesurables de réduction des déséquilibres commerciaux dans des industries clés, dont celle de l’automobile;
obliger les sociétés coréennes à investir et à créer des emplois ici pour être exonérées des tarifs douaniers;
veiller à ce que le gouvernement conserve les pouvoirs nécessaires pour intervenir directement afin de remédier aux déséquilibres commerciaux.
Aucune de ces recommandations n’a été incluse dans l’accord.

« Le problème, c’est que le premier ministre Harper n’a pas tenu compte du déséquilibre commercial actuel. Nous avions besoin que nos dirigeants politiques négocient un accord qui tient compte de la réalité, à savoir que 100 000 voitures construites en Corée sont importées dans notre marché, alors que nous n’en exportons que 100 sur le marché coréen », a souligné M. Dias.

Le Canada a vendu pour 3,7 milliards de dollars de biens en Corée en 2012, mais ses importations se sont élevées à 6,4 milliards de dollars. Une recherche menée par Unifor révèle qu’un accord commercial avec la Corée pourrait entraîner la perte de 33 000 emplois dans le secteur manufacturier.

« Nous pensions que nos dirigeants politiques défendraient les droits, les emplois et la sécurité économique des Canadiens – mais ils ne l’ont pas fait », a conclu M. Dias.